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  • 12 juin 2007

    12 juin 2007

    Extraits de poèmes d'Arthur Rimbaud

    Sensation
    Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers
    Picoté par les blés, fouler l'herbe menue
    Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
    Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
    Je ne parlerai pas, je ne penserai rien
    Mais l'amour infini me montera dans l'âme
    Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
    Par la Nature, heureux comme avec une femme.

    Le dormeur du val
    C'est un trou de verdure où chante une rivière, accrochant follement aux herbes des haillons d'argent ; où le soleil, de la montagne fière, luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

    L'étoile a pleuré Rose

    L'étoile a pleuré rose au cœur de tes oreilles. L'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins. La mer a perlé rousse à tes mannes vermeilles et l'homme saigné noir à ton flanc souverain.

    Oraison du soir

    Doux comme le Seigneur du cèdre et des hysopes,Je pisse vers les cieux bruns, très haut et très loin, avec l'assentiment des grands héliotropes.

    Voyelles

    U, cycles, vibrements divins des mers viriles, paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides. Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux. O, suprême clairon plein des strideurs étranges, silences traversés des mondes et des anges. O l'Oméga, rayon violet de ses Yeux !

    Ma bohème

    Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou. Et je les écoutais, assis au bord des routes, ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes de rosée à mon front, comme un vin de vigueur; où, rimant au milieu des ombres fantastiques, comme des lyres, je tirais les élastiques, de mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !

    Tête de faune

    Dans la feuillée, écrin vert taché d'or, dans la feuillée incertaine et fleurie de fleurs splendides où le baiser dort, vif et crevant l'exquise broderie. un faune effaré montre ses deux yeux et mord les fleurs rouges de ses dents blanches. Brunie et sanglante ainsi qu'un vin vieux, sa lèvre éclate en rires sous les branches.

    ô saison ô château
    Quelle âme est sans défauts ?Ô saisons, ô châteaux,j'ai fait la magique étude du Bonheur, que nul n'élude.



    *photo prise dans le Comté de Kerry (Irlande)


    * Suite Baudelaire et ....