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  • 4 mars 2013

    4 mars 2013

    Saint Michel-de-Montaigne [Berceau de Montaigne]


    Entourée d’un grand parc magnifique, en pleine campagne du Périgord Pourpre, se trouve à 40 km de Bergerac la demeure natale du célèbre écrivain et philosophe humaniste Michel Eyquem de Montaigne (1533-1592). Ce château familial du 14ème siècle fut détruit par un incendie et reconstruit au 19ème siècle. La tour "ronde" fut épargnée. C’est dans cette tour que Montaigne rédigea ses essais à l’âge de 39 ans. Il y demeura par intermittence entre 1571 et 1592.



    Dans ses "Essais" parus en 1595, Montaigne y décrivit "sa bibliothèque" : Elle est au 3ème étage d’une tour, le premier, c’est ma chapelle, le second une chambre et sa suite où je me couche souvent, pour être seul. Tout lieu retiré requiert un promenoir.(Essais livre III).
    La tour de la "Librairie" est classée monument historique depuis 1952.


    De l’éducation de son père, pleine de douceur, Montaigne a appris à cultiver l’art de vivre "Mon métier et mon art : c’est vivre". Un épicurien raffiné qui voulait rendre le plus agréable possible sa vie. Le philosophe allait jusqu’à se faire réveiller par son valet la nuit pour encore mieux apprécier son sommeil. Artiste du bonheur, exploitant les plaisirs en prenant conscience pour mieux les savourer, le philosophe était à l’écoute de son bien-être : Je passe le temps quand il est mauvais et incommode ; quand il est bon, je ne le veux pas passer, je le retâte et je m’y tiens; il faut courir le mauvais et se rasseoir au bon.


    On imaginait souvent un Montaigne totalement reclus dans sa tour, alors que c’était un voyageur impénitent, cavalier infatigable. Pour Montaigne toutes les études livresques seraient incomplètes si l’on n'y joignait pas l’étude "des hommes". Voyager était selon lui une meilleure école pour se former à la vie "Je ne sache point meilleure école comme j’ai dit souvent à former la vie que de lui proposer incessamment la diversité de tant d’autres vies". Il entreprit des voyages en Allemagne, Autriche, Suisse, Italie... où mœurs et coutumes des pays traversés furent décrits dans un journal qui ne fut publié qu’en 1774. Le philosophe voyageait comme il écrivait, sans suivre une route directe "s’il fait laid à droite, je prends à gauche" a-t-il écrit dans ses essais "Comment se comporter en voyage" (Livre III. Chap. 10).


    Quand on parle de Montaigne on ne peut pas s’empêcher d’évoquer son meilleur ami Etienne de la Boétie, écrivain et poète (1530-1563). Dans ses essais, Montaigne a fait une belle éloge de l’amitié, il y parle du mystère de cet attachement. Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne peut exprimer qu’en répondant "Parce que c’était lui, parce que c’était moi. Nos âmes ont charrié si uniment ensemble, elles se sont considérées d’une si ardente affection".


    Dans ses essais, Montaigne ouvre son chapitre par un avis au lecteur : "Je veux qu’on m’y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire sans contention et artifice : car c’est moi que je peins. Ainsi lecteur, je suis moi-même la mâtière de mon livre."
    Philosophe d’introspection, Montaigne se sert de son jugement pour la connaissance de soi. Cette introspection lui apprend la dépendance de l’esprit et du corps. Ce qui l’intéresse ce n’est pas seulement l’homme en général mais lui-même, c’est l’humanisme poussé à l’extrême. Il est lui-même mâtière de son livre : "Moi ici et maintenant"
    Lord Byron, poète anglais (1788-1824), le considéra comme le maître de la pensée et on ne peut être qu’en accord avec la citation de Stephan Zweig écrivain autrichien ( 1881-1942) "Celui qui pense librement pour lui-même honore toute liberté sur terre".
     

    La Dordogne
    A voyager cela même me nourrit. Montaigne




    Publié par Ranjiva

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